À propos de moi

L’écriture est venue à moi. En effet, mon projet de vie n’a jamais été de me consacrer à l’écriture. À l’âge de treize ans, j’ai fait mes premiers pas dans la poésie et, à dix-huit ans, j’ai écrit un premier roman qui a fini, comme les poèmes d’ailleurs, dans l’âtre de la cheminée familiale. Mes études et mon activité professionnelle ensuite m’ont éloigné pour longtemps de l’écriture. Sauf un poème de temps à autre, vu que la belle sonorité des rimes a toujours eu ma prédilection. À noter que le célèbre Alfred de Musset accordait à la poésie un statut bien supérieur à celui de la prose.

C’est à l’aube de la quarantaine qu’il m’est venu l’envie de mener une réflexion politique et, partant, de coucher celle-ci sur le papier. Ce qui a débouché, par la suite, sur l’écriture de deux livres qui sont allés mourir dans un des tiroirs de ma bibliothèque.

Comme si un ange me guidait avec maestria, je me suis retrouvé quelques années plus tard, soit en 2002, à vouloir m’essayer dans un exercice ardu à cause de ma piètre inexpérience de la chose. Je me souviens encore de mes tentatives d’élaboration d’une histoire, assis face à un parterre artistement arrangé du Jardin du Luxembourg à Paris, et à convenir en moi-même que ce type de littérature dépassait ma compétence.

Or c’était mal connaître le fameux ange qui s’évertuait manifestement à me faire suivre un chemin que je n’aurais su prendre de ma propre volonté. En me soufflant l’idée d’une autobiographie sous forme d’un roman, il m’incita donc à faire le pas de cette sorte d’écriture. Ce qui dériva, après une vingtaine de pages seulement, vers une histoire totalement différente de mon parcours de vie. Cela m’avait mis le pied à l’étrier en fin de compte et permis de réaliser que je pouvais écrire autre chose que des essais de réflexion politique.

Toutes les histoires de mes livres, ensuite, ont eu pour origine la survenance d’un simple titre, d’un bref résumé ou d’un rêve. L’écriture s’est toujours déroulée aisément et je ne me suis jamais trouvé devant l’écran de mon ordinateur à attendre le bon vouloir de la fée de l’inspiration ou contraint d’envoyer à la corbeille des pages de texte avant d’en arriver à un résultat suffisamment abouti. Certes, les manuscrits ont nécessité des remaniements dans le fond et la forme. Combien de fois ce doux ange m’a réveillé à l’aube pour me suggérer des détails importants. Fort de quatre à cinq relectures, ou plus parfois, j’ai pu aussi progresser et trouver mon style.

Les différents genres de ma littérature font de moi un auteur inclassable. Quant au fil conducteur spirituel, il rend mes livres très particuliers et, peut-être, peu enclins à susciter l’intérêt de toutes ces lectrices et tous ces lecteurs, ils sont légion, passionnés par les romans policiers, les thrillers et autres écrits qui représentent souvent les best-sellers d’aujourd’hui. Je souhaite mettre ici en exergue que les grands auteurs du passé, jusqu’à la moitié du vingtième siècle, n’ont jamais écrit cette littérature de bas étage qui inonde les rayons des librairies aujourd’hui. Certes, cette sous-culture est un produit du capitalisme d’Outre-Atlantique. Si bien que les goûts des occidentaux, notamment, ont été déformés par elle et que ce type de culture est devenue incontournable via les livres, la télévision et le cinéma.

Certains de mes livres sont depuis quinze à vingt ans dans un fichier de mon ordinateur, car je n’ai jamais cherché à les faire éditer. À quoi bon envoyer des manuscrits à des maisons d’édition dont les comités de lecture ne lisent qu’un pour cent de ceux qui leur arrivent par la poste. De surcroît, nombre d’auteurs inconnus, dont les manuscrits sont retenus et édités, continuent à demeurer de parfaits inconnus faute d’une absence totale de marketing de la part de l’éditeur.

L’évolution vers une édition différente et vers l’impression à la demande m’apparaît correspondre à une logique écologique. Internet permet cela, même si sa remise à plat serait nécessaire ; car il est aujourd’hui très invasif au niveau du réchauffement climatique.